Grèves des PTT

Les Grèves des PTT sont des mouvements sociaux qui depuis le début du XXe siècle marquent spécifiquement l'opinion publique.


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Les Grèves des PTT sont des mouvements sociaux qui depuis le début du XXe siècle marquent spécifiquement l'opinion publique. En effet l'expression " passer comme une lettre à la poste" est née de la régularité de l'acheminement et de la distribution du courrier. Elle est globalement validée depuis l'apparition de la Poste comme service public. Une grève qui survient au sein des PTT, désormais La Poste rompt ce pacte tacite entre l'expéditeur et le destinataire, par la défaillance du maillon intermédiaire essentiel aux relations sociales ainsi qu'à l'économie. La croissance d'autres moyens de communications ne semble pas encore avoir minorer drastiquement les effets d'un arrêt de travail prolongé dans ce secteur des échanges.

L'État, garant du service public et fort de la fonction régalienne de ce dernier, a longtemps dénié aux fonctionnaires des Postes et des télégraphes le droit de pouvoir se mettre en grève. À l'argument de la préservation de l'intérêt général se superposait un second grief envers une grève des postiers et des télégraphistes. Ceux-ci étant payé par lui, ne saurait se mettre en grève sans rompre le lien particulier qui aurait lié l'agent assermenté à son employeur, l'État patron. L'argument ne valait pas que pour les agents des PTT. Mais dans cette branche de la Fonction publique, il fut contesté de la façon la plus radicale par les salariés eux-mêmes : en faisant grève.

C'est une approche des principaux jalons des grèves postales qui est livrée ici.

1899 - 1914

La grève est interdite pour l'ensemble des fonctionnaires. Lorsque les personnels y recourent, ils s'exposent à des sanctions qui vont jusqu'à la révocation. De plus le droit syndical ne s'applique pas aux agents de l'État.

Grèves partielles et parisiennes de facteurs

Droit syndical dénié aux fonctionnaires

Les grèves de l'année 1909

Le 22 mars 1909, tandis que plusieurs milliers de grévistes sont rassemblés en un meeting toujours plus massif que les précédents, une délégation de 12 postiers (dont quatre femmes, fait extraordinaire pour longtemps), représentants des grands services en grève est reçue, Place Beauvau, par Clemenceau en personne. Elle obtient des promesses verbales, qu'elle transmet aux grévistes. Comme lors de chaque décision, la reprise du travail est soumise au vote, à mains levées. Surtout les postiers se rallient à la fin de la grève, tandis qu'elle semblait devoir durer... Face à des syndicalistes toujours peu expérimentés, Clemenceau fait preuve d'un art politique évident : de 1906 à 1909, son gouvernement ne tient-il pas près de 3 années dans une Troisième République marquée par l'instabilité ministérielle. Quant aux postiers, auxquels ont été "promis" la levée des sanctions et la réforme de leur avancement, ils peuvent, à l'instar de l'Humanité de Jean Jaurès, crier : Victoire !!

Cinq jours plus tard, le 26 mai 1909 le secrétaire général de la CGT, Louis Niel démissionne. Son remplaçant, Léon Jouhaux élu en juillet 1909 va marquer le syndicalisme français. À l'automne 1909, tirant les conséquences des grèves, un noyau de syndicalistes animé par Pierre Monatte, qui a suivi les événements comme journaliste d'un éphémère quotidien, la Révolution, lancé par Émile Pouget, crée une revue d'étude et d'action syndicales, la Vie ouvrière.

Quant à Clemenceau, son gouvernement est mis en minorité le 20 juillet 1909. Alexandre Millerand, ministre des PTT du gouvernement suivant constitué par Aristide Briand, réintègre dans l'administration la pupart des révoqués et supprime le poste de sous-secrétaire d'État aux PTT.

1919 - 1946

Un entre-deux guerres peu gréviste

L'épisode de 1909 est vite élevé au niveau du mythe par les syndicalistes postiers et par leurs adversaires. De 1919 à 1946, il sert de référence constante, tant de la part de la CGT que de la CGTU, pour affirmer la spécificité du syndicalisme aux PTT comparé à celui de la totalité de la fonction publique. Tout mouvement de grève est jaugé à l'aune de 1909. La réalité est nettement moins épique. Le mouvement syndical divisé n'entraîne que des conflits situés, d'autre part tout aussi durement réprimés par les responsables des PTT, jusqu'en 1934. Les grands conflits sociaux de 1919-1920, n'ont qu'un impact particulièrement limité aux PTT.

Les postiers parisiens dans la «grève insurrectionnelle» de l'été 1944

1946, la grève constitutive du schisme syndical

Le mouvement de grève de l'été 1946 aux PTT a la caractéristique de ne concerner que cette administration, comme en 1909. Il se situe dans un contexte de luttes internes déjà abordées, et dans une situation politique atypique. Depuis 1944, sous l'autorité du général de Gaulle, puis sans lui, le Parti communiste français participe au gouvernement de la France ainsi qu'à la reconstruction du pays. Ils soutiennent activement la bataille de la production. Celle-ci, dans la tension des énergies pour "produire plus", obligation économique, en vient à sous-estimer l'aspiration des travailleurs à en recueillir quelques fruits. L'historienne Annie Lacroix-Riz a montré le tournant qui s'opère dans l'opinion au printemps 1946, qui amène les travailleurs à revendiquer des hausses de salaire.

1947 - 1990

La période qui commence avec la guerre froide, pour s'achever avec la chute du mur de Berlin, correspond curieusement à celle qui, aux PTT mène de la création (en 1946) de deux Direction générales, DGT (Direction générale des Télécommunications) et DGP (Direction générale de la Poste), à l'éclatement des PTT en deux établissements publics, France Télécom et La Poste. Deux thèmes majeurs mobilisent le syndicalisme "PTT" : le pouvoir d'achat des traitements dans la Fonction publique, la défense du Service public conçue en termes d'unité des PTT et de non privatisation de ceux-ci.

Trois catégories de grèves peuvent être dégagées, avec l'arbitraire d'une catégorisation qui recouvre des situations nuancées.

Été 1953, grève des services publics

La période qui suit la scission syndicale est peu propice à la manifestation gréviste aux PTT. À partir de 1947, on dispose des statistiques des jours de grève enregistrés par l'administration. Le recours à la grève décline de façon régulière, après une année 1947, marquée par le mouvement gréviste de novembre-décembre, qui est durement réprimé aux PTT : le ministre socialiste SFIO Eugène Thomas y gagne de la part de la CGT le surnom de "Thomas les sanctions"...

Le conflit de l'été 1953, dans son versant "PTT" a été étudié par Jean-François Noël. Amorcé aux PTT, il atteint d'autres services publics (EDF-GDF, SNCF, RATP, Air France), les entreprises nationalisées (Charbonnages de France, arsenaux) et touche aussi quelques entreprises de la Métallurgie. En effet, aux raisons internes du mécontentement des postiers, en matière d'effectifs et de salaires, accumulé depuis plusieurs années de "paix sociale", s'ajoutent les projets du gouvernement Joseph Laniel d'économies budgétaires dans les entreprises publiques : la guerre d'Indochine qui s'éternise, nécessite pour une forte part cette mobilisation financière. Le 4 août 1953, les syndicats de la fonction publique nomment à une grève limitée à une heure, pour protester contre les décrets-lois gouvernementaux. À Bordeaux, les postiers de toutes obédiences (CGT, FO, CFTC et autonomes) décident la prolongation de ce mouvement en grève infinie. Par télégraphe et téléphone, ils font connaître leur décision à la totalité des centres postaux et téléphoniques ainsi qu'à l'ensemble des fédérations syndicales. Force ouvrière et CGT, séparément relaient dès le 5 août l'appel à la grève, . Elle couvre comme une trainée de poudre à la totalité des PTT, malgré le fait que c'est la période estivale des congés. Réquisitions, réseaux parallèle d'acheminement, rien ne parvient à enrayer la grève. À Paris, reprenant la tradition de 1909, des meetings réguliers rassemblent dans l'unité syndicale un temps retrouvée des foules importantes de grévistes. Georges Frischmann, pour la CGT, y fait forte impression, de par ses talents oratoires. D'autres syndicalistes s'y révèlent : Madeleine Colin, Émile Le Beller. Tout jeune postier, Louis Viannet prend sa première carte syndicale. Mais c'est en coulisses politiques que des négociations ont lieu, excluant la CGT. Le député Léon Dagain s'entremet aux PTT, entre Force ouvrière, la CFTC et le ministre Pierre Ferri. D'officieuses, les tractations deviennent officielles à partir du 15 août, et aboutissent à un appel CFTC-FO pour la reprise du travail, le 21 août. La base renâcle, la CGT dénonce une "trahison", et ... la grève se poursuit surtout à Paris jusqu'au 25 août. Ce jour là, des membres du bureau confédéral de la CGT emprisonnés depuis des mois, Alain Le Léap, Lucien Molino, mais aussi d'autres militants, sont libérés. Le soir, la fédération CGT des PTT nomme à son tour à cesser la grève.

Aucun des décrets-lois n'est finalement appliqué, l'ensemble des sanctions pour fait de grève restent... lettres-mortes, et une prime annuelle spécifique aux PTT est instaurée. Jamais depuis 1909 un mouvement n'avait eu une telle ampleur. Néenmoins une vingtaine d'années plus tard, les PTT connaissent leur grève la plus forte du 20e siècle.

Années 60, une tension en hausse

Après l'éruption de l'année 1953, où le nombre moyen de 6, 29 jours de grève par agents est atteint, les PTT connaissent quelques années pendant lesquelles les revendications ne s'expriment pas par des arrêts de travail. Ceux-ci se produisent lors de journées nationales, auxquelles la CFTC s'associe progressivement. La statistique des grèves enregistre :

La "température sociale" s'affiche à la hausse à partir de 1960. La modernisation qui marque les années de la reconstruction, sous la 4e République ne touche pas les PTT. Le téléphone français est en retard, les opérations de tri du courrier restent manuelles. Les Chèques postaux seuls sont l'objet d'un début de traitement informatisé. Le recours à des effectifs de plus en plus nombreux, mais en croissance moins rapide que le trafic postal, est une solution onéreuse pour l'État. De plus il augmente les frustrations des personnels en matière de traitements et de qualifications. Il concentre sur les grandes agglomérations la "mal vie" d'agents déracinés. Les événements de 1968 traduisent le malaise, sans le résoudre. La statistique gréviste en témoigne à sa manière.

Automne 1974, la grande grève

La montée du mécontentement, que traduisent les chiffres des journées de grève, se conjugue à l'automne 1974 avec une situation politique spécifique. Valéry Giscard d'Estaing est élu au mois de mai 1974 Président de la République avec un faible différentiel de voix sur François Mitterrand, le candidat de l'union de la gauche. Le programme commun de la gauche a l'appui des syndicats CGT et CFDT. Or les premières rumeurs concernant les projets "giscardiens" sur les PTT renvoient des bruits de création d'un office des postes et télécommunications. C'est interprété par les agents des PTT comme une privatisation et un démantèlement du service public. Depuis plusieurs années ces thèmes agitent la profession, qui craint de perdre un statut, protecteur du chômage et garantissant une certaine carrière. Ces inquiétudes, se lient aux respectant les traditions revendications salariales, que le gouvernement résout, à minima, en concluant au niveau de la fonction publique des accords minoritaires avec FO, la FEN et la CFTC, en laissant de côté CGT et CFDT. Elles se mélangent aussi avec des conditions de travail et des processus de management archaïques, face à une population jeune et qui aspire à la reconnaissance professionnelle.

Comme en 1909, le secrétaire d'État aux PTT, Pierre Lelong devient la "bête noire" des postiers en prononçant des paroles vexantes sur "le travail idiot dans les centres de tri" ! Face à lui le syndicalisme des PTT, historiquement fort, est puissant. Fin 1973, la fédération CGT annonce 87 000 adhérents, la fédération Force ouvrière se compte à plus de 58 000 adhérents, la fédération CFDT disposerait de plus de 30 000 syndiqués.

Le record de 1974 ne dissuade pas les années suivantes les agents des PTT à recourir à cette forme de lutte. Au début 1978, en région parisienne éclate dans les nouveaux centres de tri créés en banlieue, Créteil, Trappes, Bobigny, Nanterre, etc..., un conflit à propos de la précarisation du recrutement de "vacataires". Comme pour la totalité des salariés, l'année 1981 marque une césure : jamais après cette date le nombre moyen de jours de grève par agent ne dépasse aux PTT la barre symbolique de 1 jour. Les conflits qui ont lieu avant la réforme de 1990, quelquefois spectaculaire, comme celui des "camions jaunes bloquant les centres postaux, ne touchent qu'une minorité d'agents. On assiste par contre à une extension des conflits situés sur un établissement. Ce genre de grèves entraine des arrêts de travail longs, mais n'implique qu'une population réduite.

1975-1989 : statistiques des grèves aux PTT

Sources

Recherche sur Amazone (livres) :



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