Manifestation
Une manifestation est un acte politique collectif, qui se traduit surtout par un défilé de protestation, qui peut avoir différents objectifs, parmi lesquels ...
Définitions :
- manifester - Rendre manifeste (source : fr.wiktionary)
Une manifestation est un acte politique collectif, qui se traduit surtout par un défilé de protestation, qui peut avoir différents objectifs, parmi lesquels :
- amélioration des conditions de vie, fréquemment à l'appel des syndicats, ou à l'occasion de grèves ;
- protestation contre une loi, un décret, une réforme ;
- protestation contre une fermeture d'usine ou contre des licenciements abusifs ;
- revendications politiques (exemples : lutte contre le racisme, le sexisme, ou lutte pour la démission d'un gouvernement) ;
- manifestation pour la paix et contre la guerre.
Droit de manifester
Dans la majorité des pays démocratiques, les lois (par exemple le premier amendement de la constitution américaine) permettent les manifestations et la liberté de se regrouper, qu'elles considèrent comme un droit et un contre-pouvoir.
Néanmoins en France les associations qui souhaitent manifester doivent déposer une demande d'autorisation préalable, en indiquant surtout le parcours précis (sur une carte A3 dans la majorité des préfectures) et les horaires de convocation et de dispersion de la manifestation. Les autorités peuvent interdire une manifestation si elles la jugent propre à troubler l'ordre public ou si ses mots d'ordre sont contraires à la loi.
De même toujours en France, en vertu de l'article 431-3 du Code Pénal, «tout attroupement ou rassemblement sur la voie publique ou dans un lieu public» qui pourrait porter atteinte à l'ordre public peut être dispersé par la force, après les sommations d'usage. Appeler à une manifestation non autorisée est reconnu comme un délit.
Histoire des manifestations
Manifestations annuelles
- Fête des travailleurs (le 1er mai)
- Journée internationale des droits de la femme (le 8 mars)
Rôle des manifestations
Selon Guy Groux et Jean-Marie Pernot, «le rôle de la manifestation tient en peu de mots. Partie prenante de l'expression démocratique - surtout de la démocratie directe -, la manifestation vise à influer sur l'opinion, à influencer le pouvoir politique et , ce faisant, à contribuer à l'apparition de politiques publiques menant à la satisfaction des revendications qu'elle exprime.»[1]
Slogans et chansons
Les manifestants apportent fréquemment des banderoles, chansons, tracts et slogans qui leur permettent d'exprimer leur point de vue aux habitants ainsi qu'aux médias dans une ambiance bon enfant. Cela permet occasionnellementaux organisations encadrant la manifestation de contrôler le discours audible des manifestants, et le mode d'expression de ce discours ; on observe que le sens et la forme des slogans change radicalement selon qu'il s'agit d'une manifestation "déclarée" ou "sauvage".
Dans le cas des manifestations "sauvages" (i. e. spontanées), la portée des slogans est le plus souvent bien plus vaste (c'est "le dispositif" entier qui est attaqué et non point telle ou telle réforme), les slogans plus courts, et plus directement agressifs : le côté festif des chants est quelquefois minoré.
Il faut aussi évoquer le rôle fédérateur des chants et slogans. En effet, ils permettent de replacer le mouvement dans une tradition manifestante : en lien avec l'histoire, ou avec un courant de pensée : anarchiste, communiste, etc. C'est spécifiquement net dans le cas des chansons, surtout celles de la Commune de Paris ou de la Guerre d'Espagne, dont le rôle n'est pas tant d'exprimer une revendication que de concrétiser une appartenance commune à une mouvance déterminée, d'exprimer un rappel historique. En ce sens, l'envers de cette fonction d'identification est le risque d'une ségrégation des manifestants, selon leur culture politique : nombre de jeunes protestataires ne sont pas au fait de ce "folklore".
Violence
En marge d'une petite minorité de manifestations, des scènes de violences urbaines ont quelquefois lieu, elles peuvent être génèrées par des manifestants ou des personnes extérieures (que les médias nomment alors des "casseurs") et/ou par les forces de police ou des policiers en civils. Elles ont globalement deux cibles principales : la police d'une part, et les édifices publics ou symboles marchands d'autre part.
Intervenant fréquemment en fin de manifestation, le moment de la dispersion est essentiel. Quand celle-ci n'intervient pas suffisament rapidement, en dépit des appels des organisateurs et des forces de l'ordre elles-mêmes, ces dernières ont toute latitude d'intervenir, que ce soit en chargeant ou avec grenades lacrymogènes. Quand les manifestants réagissent et contre-attaquent (en lançant divers projectiles, en renvoyant les grenades lacrymogènes, etc. ), la manifestation peut alors tourner à l'émeute. Il arrive aussi que des manifestants décident d'eux-mêmes d'attaquer la police.
Quand l'affrontement direct avec la police est impossible (pour des raisons de rapport de force par exemple) ou quoique le contexte de révolte totale s'y prête, les manifestants (ou casseurs, bien que la distinction soit malaisée à faire dans l'absolu) peuvent choisir de détruire le mobilier urbain, de renverser des voitures afin d'édifier des barricades, de briser des vitrines, etc. Il est rare que l'un et l'autre type de violences urbaines soit complètement scindés.
La conclusion de ces soulèvements consiste le plus souvent en des séries d'interpellations (facilitées par le travail des policiers en civil qui infiltrent le mouvement), de placement en garde à vue, puis de jugements et de condamnation.
Dans de nombreux pays et au cours de l'histoire moderne, de nombreuses manifestations se sont terminées dans un bain de sang suite à une charge de la police et/ou quelquefois de l'armée.
Manifestations historiques
Manifestations historiques en France
- 19 octobre 2010 - 3, 5 millions de manifestants selon les syndicats (1, 1 million selon la police) contre la réforme des retraites.
- 16 octobre 2010 - 3 millions de manifestants selon la CGT (825 000 selon la police) contre la réforme des retraites.
- 12 octobre 2010 - 3, 5 millions de manifestants selon la CFDT (1, 23 million selon la police) contre la réforme des retraites.
- 2 octobre 2010 - 3 millions de manifestants selon la CGT (899 000 selon la police) contre la réforme des retraites.
- 23 septembre 2010 - 3 millions de manifestants selon la CGT (997 000 selon la police) contre la réforme des retraites.
- 7 septembre 2010 - 2, 7 millions de manifestants selon la CGT (1, 12 million selon la police) contre la réforme des retraites.
- 19 mars 2009 - 3, 2 millions (3 224 415) manifestants dans 254 manifestations[2] (1, 2 millions selon le gouvernement), pour l'emploi, les services publics, et contre la précarité.
- 29 janvier 2009 - 2, 5 millions de manifestants selon la CGT pour le perfectionnement du pouvoir d'achat, pour lutter contre la crise et contre la réforme Darcos.
- 28 mars 2006 - 3 millions de manifestants selon les organisateurs et 1 055 000 selon la police contre le CPE et la Loi égalité des chances de Dominique de Villepin.
- 18 mars 2006 - 1, 5 million de manifestants selon les organisateurs et 500 000 selon la police contre le CPE et la Loi égalité des chances de Dominique de Villepin.
- 7 mars 2006 - 1 million de manifestants selon les organisateurs et 400 000 selon la police contre le CPE et la Loi égalité des chances de Dominique de Villepin.
- 4 octobre 2005 - 1 million de manifestants selon les organisateurs et 400 000 selon la police pour l'emploi et le pouvoir d'achat - voir : Manifestations du 4 octobre 2005 en France.
- 10 mars 2005 - 1 million de manifestants selon les organisateurs et 500 000 selon la police pour les salaires et les 35 heures.
- 3 juin 2003 - 1, 5 million de manifestants selon les organisateurs et 455 000 selon la police pour les retraites.
- 13 mai 2003 - 2 millions de manifestants selon les organisateurs et 1 million selon la police contre le Plan Raffarin sur la réforme des retraites.
- 1er mai 2002 - 1, 3 million de manifestants selon les organisateurs contre l'extrême droite de Jean-Marie Le Pen parvenu au second tour de l'élection présidentielle.
- 12 décembre 1995 - 2, 2 millions de manifestants selon les organisateurs et 1 million selon la police contre le Plan Juppé sur la réforme du financement de la Sécurité sociale.
- 16 janvier 1994 - 1 million de manifestants selon les organisateurs et 260 000 selon la police contre la révision de la loi Falloux sur le financement de l'école privée.
- 14 mai 1990 - 200 000 personnes défilent à Paris contre la profanation du cimetière juif de Carpentras. Parmi les manifestants : François Mitterrand. C'est la première fois qu'un Président de la République en exercice participe à un défilé.
- 4 décembre 1986 - 1 million de manifestants étudiants et lycéens pour le retrait du Projet de loi Devaquet.
- 24 juin 1984 - 1, 5 million de manifestants selon les organisateurs et 850 000 selon la police pour la défense de l'École privée, contre le projet de loi d'Alain Savary (socialiste) sur l'École laïque.
- 31 juillet 1977 - Manifestation à Creys-Malville en 1977.
- mai 1968 - nombreuses manifestations dans le cadre du mouvement de Mai 68.
- 26 mars 1962 - manifestation pour le maintien du statu quo en Algérie, rue d'Isly, à Alger : les forces de l'ordre tirent sur les manifestants qui, non armés, tentaient de forcer un barrage tenu par l'armée française ; le dernier bilan officiel fera état de 46 morts et 150 blessés, chiffres probablement sous-évalués - voir Fusillade de la rue d'Isly.
- 8 février 1962 - manifestation contre l'OAS et contre la guerre en Algérie, violemment réprimée par le pouvoir gaulliste - voir : Affaire de la station de métro Charonne.
- 17 octobre 1961 - manifestation pour l'indépendance de l'Algérie, violemment réprimée - voir : Massacre du 17 octobre 1961.
- juin 1936 - manifestations dans le cadre du mouvement spontané de grève générale, suite à la victoire du Front populaire.
Manifestation historique au Québec
- Mars 2005 - Plusieurs manifestations à travers le Québec dans le cadre de la grève étudiante. Ces manifestations regroupent des étudiants du CÉGEP et de l'université en faveur de la gratuité scolaire généralement, mais en particulier pour le retrait du projet de loi du gouvernement libéral visant à transférer 103 millions de dollars de bourses en prêts. Les manifestations culminent vers la fin du mois de mars avec une manifestation réunissant 200 000 personnes dans les rues de Montréal.
Notes et références
- Guy Groux et Jean-Marie Pernot, La Grève, Presses de Sciences Po, 2008, p. 142.
- Source : tableau récapitulatif ville par ville des manifestations du 19 mars 2009
Annexes
Bibliographie
- Guy Groux et Jean-Marie Pernot, La Grève, Presses de Sciences Po, 2008.
Lien externe
- Démosphère. Agenda alternatif indépendant de toute organisation ou parti, qui annonce surtout les manifestations à venir sur la région parisienne.
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