Grève des studios Disney

La Grève des studios Disney est un événement marquant de l'histoire des studios Disney qui s'est produit en 1941 à partir du 29 mai.


Catégories :

Grève aux États-Unis - Grève - Syndicalisme - 2005 aux États-Unis - Disney

La Grève des studios Disney est un événement marquant de l'histoire des studios Disney qui s'est produit en 1941 à partir du 29 mai. Elle provoqua un changement de mentalité parmi les équipes de Disney mais n'eut que peu d'effet sur la popularité de Walt Disney.

Le contexte

Les années 1930 virent l'apparition de nombreux syndicats dans l'industrie du cinéma et les autres industries. La Screen Actors Guild fut constituée en 1933 et la première grève du secteur toucha en 1937 le studio new yorkais de Max Fleischer. La Screen Cartoonists'Guild fut constituée dès l'année suivante en 1938. Les syndicats réussirent, suite à une forte pression, à signer des contrats avec les studios de Walter Lantz, Screen Gems, George Pal et MGM.

En 1940, les studios d'animation de la MGM sont contraints de ratifier la création d'un syndicat[1]. Leon Schlesinger du studio d'animation des Warner Brothers tente une grève patronale mais est contraint d'accepter les syndicats[1]. Le studio Disney est , malgré son importance, toujours intouché par cette vague en raison d'un certain paternalisme exercé par Walt Disney. Mais en 1941 les employés du studio sont plus d'un millier et Walt ne peut l'ensemble des connaître[2].

Tandis que le film Blanche-Neige avait généré de gros bénéfices, les films suivants n'arrivaient pas à gagner de l'argent, essentiellement à cause de la Deuxième Guerre mondiale qui faisait rage en Europe et annulait près de 50% des revenus de la société. Au printemps 1941, Walt réunit ses animateurs et leur veut dire que les dépenses doivent être réduites de moitié[3], essentiellement la production de Bambi. Ce manque force Disney à envisager de diminuer ses effectifs ainsi qu'à revoir à la baisse les augmentations de salaire et les primes, brisant l'impression de sécurité d'embauche.

Les artistes de Disney étaient parmi les mieux payés et travaillaient dans de bonnes conditions, mais le sentiment de mécontentement augmentait quand même . Richard Schickel écrit dans son ouvrage The Disney Version[4] : "De nombreux employés avaient donné une grande part de leur temps libre à Disney pour finir le film Blanche-Neige en 1937" et malgré le fait que ce dernier avait été un énorme succès, à la place de recevoir les bonus qu'ont leur avait vaguement promis, ils durent faire face à une liste de licenciements... La gestion des salaires était toujours plus folle et l'unique augmentation de salaire offerte par Disney durant ces années était la prime d'heures supplémentaires : Walt poussa le travail de certains employés tellement loin des 40 heures hebdomadaire que selon le Wagner Labor Relations Act ils n'auraient plus été dénommés travailleur à salaire majoré de 50% mais majoré à plein temps.

Tandis que des animateurs importants tel que Bill Tytla et Art Babbitt étaient payés rapidement, l'ensemble des employés étaient au courant que les faibles salaires des assistants et des gens de la production n'étaient pas versés en temps et en heure. Babbit s'était ainsi donné pour tâche de payer son assistant de sa propre poche mais il fut licencié en 1941 pour ses activités syndicales, le studio n'ayant alors aucun syndicat.

D'après Schickel, Walt Disney aurait "répondu durement à la pression de sa situation économique complexe et grandissante". Les séances de travail sur les scénarios devinrent brutales. "Un animateur œuvrant sur Fantasia prenait des leçons de piano à ses frais" pour accroître sa compréhension de la musique et lorsque Walt apprit la chose il aurait lancé "Qu'êtes vous, des espèces de tapettes". Cette citation doit être prise comme douteuse car selon d'autres sources plus amicales vis-à-vis de Schickel, Disney aurait apprécié l'intérêt de l'artiste pour les autres formes d'art que l'animation. Ce qui correspond plus à l'attitude de Walt et la genèse du film Fantasia. Dans la biographie de Walt Disney écrite par Bob Thomas[5], Disney aurait dit à un autre moment à propos de CalArts (20 ans plus tard)  : "Ce que les jeunes artistes ont besoin, c'est une école où ils peuvent apprendre une variété de compétences, un lieu où existe une émulation".

Ce changement de situation fit que le studio devint une cible de la Screen Cartoonists'Guild. Le syndicat aurait été informé que la vague de licenciements toucherait exclusivement les employés syndiqués.

La grève

La grève eut lieu dans les studios d'Hypérion Avenue tandis que le déménagement pour ceux de Burbank était en cours. Un mois avant son déclenchement, le film Le Dragon récalcitrant présentait un studio «où il fait bon travailler», au sein des décors du studio de Burbank[6]. La production du studio était concentrée sur la sortie de son prochain film Dumbo. Les studios d'Hypérion Avenue fermèrent eux quelques mois plus tard, juste avant la fin de l'année 1941.

La rumeur enfla quand Disney licencia l'animateur Art Babbitt le 26 mai 1941 pour la raison de "perturbateur" ; ce dernier possédait de forts engagements syndicaux et politiques. Peu de jours après le licenciement de Babitt (3 jours selon Eddie Bowers [7]), soit le 29 mai, 300 employés des studios Disney firent grève devant le studio d'Hyperion[2]. Elle était menée par Herb Sorrell décrit comme sympathisant de l'extrême-gauche, ou alors comme un espion russe par l'écrivain conservateur Peter Schweizer.

Walt, accaparé par ses problèmes d'argent, doit faire de plus en plus de coupes dans son budget[1], et s'occupe peu des grévistes. Le 27 juin 1941, Walt Disney suspend la production des longs métrages en production Cendrillon, Peter Pan et Alice aux pays des merveilles[8]. La grève empire et la production s'arrête complètement mi-août 1941, les studios ferment alors[2] alors que Walt s'envole pour l'Amérique du Sud[9] pour une mission au caractère en partie diplomatique. Le studio réouvre le 12 septembre 1941, avec un syndicat, mais sur le millier d'employés, deux tiers des grévistes sont réembauchés et à peu près cent non-grévistes sont licenciés[2].

En novembre 1941, le studio réduit toujours le nombre de ses employés à 530, licenciant près de 200 employés, atteignant moins de la moitié des employés présents début mai 1941[10].

Ce fut la première grève du studio avec pour principale revendication l'autorisation de représentation par des syndicats. À la surprise de Walt Disney, Tytla rejoignit les grévistes et l'expliqua ainsi : «J'étais pour les syndicats d'entreprise et j'étais en grève car mes amis l'étaient aussi. J'étais un sympathisant de leurs idéaux mais je n'ai jamais voulu faire quoi que ce soit contre Walt.» La grève dura plus de deux mois et produisit une si grande fracture qu'elle modifia en profondeur l'histoire de l'animation aux États-Unis. Certains animateurs ont préféré rester chez eux pour ne pas être obliger de choisir un camp, comme Walt Kelly prétextant une maladie familiale, il est malgré tout fréquemment mentionné par erreur comme participant au piquet de grève.

Bob Thomas évoque que Walt Disney aurait demandé un vote parmi les employés pour valider la grève mais Sorrel ayant eu peur de perdre le vote décida de mener la grève sans vote. Sorrel aurait aussi mis à contributions des personnes extérieures à l'entreprise, des "bagarreurs", pour grossir le piquet de grève.

La grève dura 5 semaines. Vers la fin Walt Disney accepta une proposition de Nelson Rockefeller, alors à la tête du bureau des affaires sud américaines du Département d'État des États-Unis. Cette proposition consistait en une tournée de l'Amérique latine et pour Walt à être transformé en porte-parole.

Ce retrait de la scène permit la retombée des passions et durant son absence, la grève fut stoppée avec l'aide d'un médiateur fédéral qui trouva des solutions pour chaque revendication du syndicat.

Au moment où la grève prit fin, les États-Unis entrèrent dans la Deuxième Guerre mondiale et cela marqua la fin de l'âge d'or de l'animation à Hollywood.

Les conséquences

La grève eu pour principale conséquence des changements dans la mentalité des employés de Disney et dans le regard des personnalités de gauche vis-à-vis de la société. Les intellectuels qui vantaient[citation nécessaire] les "dessins animés et le jazz" comme les deux formes d'art que les États-Unis avaient offertes au monde changèrent d'avis à propos de Walt qu'ils virent comme un membre supplémentaire du patronat.
Walt perdit le visage paternaliste qu'on lui donnait et le surnom de la société fut transformé de Mouse House (la maison de la souris) en Mouse Factory (l'usine de la souris) pour rendre compte du sentiment interne d'industrialisation.

Le studio autorisa la présence des syndicats et permit qu'un bureau leur soit alloué.

Plusieurs animateurs partirent des studios suite à la grève, dont un groupe qui forma un nouveau studio d'animation, l'United Productions of America ou UPA.

Le film Dumbo conserve une trace de cette grève avec la scène des clowns, des caricatures de certains animateurs en grève, voulant "frapper le patron pour une augmentation".

Ironiquement, une affaire prud'homale "déloyale" fut initiée par Art Babbitt et se poursuivit dans les tribunaux tandis qu'il était réquisitionné par l'armée. La procédure décida que Disney devait réembaucher Babbitt à son retour après la guerre.

Références

  1. (en) Franklin Thomas & Ollie Johnston, Walt Disney's Bambi, p. 183
  2. (en) Franklin Thomas & Ollie Johnston, Walt Disney's Bambi, p. 184
  3. (en) Franklin Thomas & Ollie Johnston, Walt Disney's Bambi, p. 182
  4. (en) Richard Schickel, The Disney Version, New York : Simon and Schuster, 1968. (ISBN 1566631580)
  5. (en) Bob Thomas, Walt Disney : An American Original, p. ??
  6. (en) Robin Allan, Walt Disney and Europe, p. 176.
  7. Biography of Bill Tytla par Eddie Bowers.
  8. (en) Steven Watts, The Magic Kingdom, p. 259
  9. (en) Dave Smith, Disney A to Z : The Updated Official Encyclopedia p. 514-515
  10. (en) Michæl Barrier, The Animated Man : A Life of Walt Disney, p. 182.

Liens externes

Recherche sur Google Images :



"femme. Cette réalisation préfigure sans doute la nouvelle orientation des studios Disney."

L'image ci-contre est extraite du site encyclo.voila.fr

Il est possible que cette image soit réduite par rapport à l'originale. Elle est peut-être protégée par des droits d'auteur.

Voir l'image en taille réelle (250 × 188 - 19 ko - jpg)

Refaire la recherche sur Google Images

Recherche sur Amazone (livres) :



Principaux mots-clés de cette page : disney - walt - studios - grève - 1941 - employés - syndicats - fut - animation - film - animateurs - production - thomas - screen - salaire - art - états - cartoonists - tandis - bambi - schickel - babbitt - vis - fin - grévistes - unis - strike -


Ce texte est issu de l'encyclopédie Wikipedia. Vous pouvez consulter sa version originale dans cette encyclopédie à l'adresse http://fr.wikipedia.org/wiki/Gr%C3%A8ve_des_studios_Disney.
Voir la liste des contributeurs.
La version présentée ici à été extraite depuis cette source le 05/11/2010.
Ce texte est disponible sous les termes de la licence de documentation libre GNU (GFDL).
La liste des définitions proposées en tête de page est une sélection parmi les résultats obtenus à l'aide de la commande "define:" de Google.
Cette page fait partie du projet Wikibis.
Accueil Recherche Aller au contenuDébut page
ContactContact ImprimerImprimer liens d'évitement et raccourcis clavierAccessibilité
Aller au menu