Naissance du syndicalisme en Europe

Le syndicalisme sous sa forme moderne est né en Europe dans les années 1880, résultant de la Révolution industrielle, de ses changements démographiques, politiques et en particulier idéologiques.


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Syndicalisme - Histoire sociale

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Le syndicalisme sous sa forme moderne est né en Europe dans les années 1880, résultant de la Révolution industrielle, de ses changements démographiques, politiques et en particulier idéologiques[réf.  nécessaire]. Mais le phénomène syndical européen n'a pas abouti à un syndicalisme européen unifié. Il a suivi différentes directions et les pensées syndicales britannique, allemande ou française élaborée dans les années 1880 - réformiste, révolutionnaire, politisée - se sont prolongées au XXe siècle.

L'apparition du syndicalisme européen

Contexte

Concentration industrielle et démographique

La fin du XIXe siècle voit l'essor d'une vaste classe industrielle. Ainsi dans les années 1880, 50 % de la population active travaillent dans le secteur secondaire au Royaume-Uni, 40 % en Allemagne et 27 % en France[réf.  nécessaire]. De grandes régions industrielles se développent principalement autour des bassins miniers : le centre de la France, une vaste bande comprenant le Nord, l'Alsace-Lorraine, la Sarre, la Ruhr, la Saxe et la Silésie, une grosse partie du Royaume-Uni des Midlands aux Lowlands.

Entre 1875 et 1895, la concentration des entreprises progresse de façon énorme, par la formation d'entreprises "géantes" pour l'époque et la conclusion d'ententes entre ces entreprises. En 1876, la moitié de la production industrielle de la Ruhr, par exemple, vient des trois firmes Haniel, Thyssen et Krupp[réf.  nécessaire]. En France, l'exemple le plus frappant reste l'usine-monstre du Creusot qui regroupe dans les années 1870 plus de 10 000 ouvriers sur près de 130 hectares d'usines et 80 km² de concessions minières[réf.  nécessaire]. Autre exemple, la Badische Anilin und Soda Fabrik (BASF) emploie 7 000 ouvriers en 1870 et 77 000 en 1882[réf.  nécessaire]. Ce sont de véritables villes-usines qui existent dans les années 1880 principalement dans les secteurs miniers, sidérurgiques et chimiques. Cette concentration industrielle autour de grandes entreprises ou de régions fortement industrialisées a un fort impact sur les mutations démographiques.

On assiste durant le XIXe siècle à une forte croissance de la population totale : 85 % par demi-siècle pour le Royaume-Uni, 50 % pour l'Allemagne et 20 % pour la France[réf.  nécessaire].

Cette croissance s'accompagne d'une forte urbanisation liée directement à l'activité industrielle : en 1880, 26 % de la population au Royaume-Uni habitent dans des villes de plus de 100 000 habitants, 8 % en Allemagne et 10 % en France (4 % en 1850) [réf.  nécessaire]. Le phénomène se nourrit principalement par l'immigration rurale. Par exemple en France, entre 1872 et 1891, 87 % de l'augmentation des villes vient de l'immigration. Même s'il existe de profondes différences entre les pays d'Europe occidentale, cette concentration joue un rôle essentiel dans l'essor du syndicalisme, car c'est essentiellement parmi les ouvriers urbains que ce dernier recrute. Les grandes villes ouvrières deviennent-elles des capitales syndicales : Manchester, Lille, Essen, Barcelone, Milan, etc.

La proximité des ouvriers tant sur leur lieu de travail que dans les nouvelles cités ou régions industrielles, alliée à la rupture sociale que vivent certaines populations déracinées de leurs anciennes communautés (familiales, ethniques, rurales) et qui ont émigré, les amènent à acquérir rapidement une nouvelle identité de masse : celle de la classe ouvrière, du prolétariat[réf.  nécessaire]. À la main d'œuvre des vieux métiers à forte qualification s'ajoute désormais celle des nouvelles industries qui se contente généralement d'une formation sommaire qui, en cas de chômage, rend son réemploi complexe. Elle n'a d'autre force que la masse qu'elle représente.

La condition ouvrière

Même si les progrès économiques profitent à la société dans son ensemble, la condition de vie de la classe ouvrière n'est guère enviable et c'est là une des premières revendications des syndicats : avant de "changer la société", les ouvriers veulent tout simplement "vivre mieux".

Si la valeur du salaire nominal est en progrès, par-delà les inégalités de toutes sortes, le pouvoir d'achat est particulièrement variable. Dans la totalité, on peut parler de stagnation[réf.  nécessaire], d'autant plus qu'aux fluctuations salariales, il faut juxtaposer celles de l'emploi, car le chômage total ou partiel est fréquent[réf.  nécessaire]. Au congrès ouvrier de Marseille de 1879, est présenté un budget ouvrier. En ne comptant ni les vêtements, ni la maladie, ni l'achat d'un journal ou le paiement d'une cotisation, on arrive à un total de dépenses de 19, 74 francs français. Or l'ouvrier en question ne gagne par semaine que 17, 50 francs. Sa famille doit par conséquent apporter le complément indispensable (puisque les femmes sont sous-payées comparé au même travail que celui apporté par un homme il est répandu a l'époque d'envoyer travailler ses enfants eux mêmes sous payés[réf.  nécessaire]).

Sur 20 000 ouvriers dans le Nord de la France, les 4/5 ne gagnent pas 14 francs et plus de 4 000 familles ne possèdent d'autres ressources que le travail du père[réf.  nécessaire]. William Booth, le fondateur de l'Armée du salut montra en 1888 qu'un tiers de la population de Londres vivait "dans la misère"[réf.  nécessaire]. En se basant sur le revenu, E. S. Hobsbawn estime à 87 % la population des pauvres et particulièrement pauvres - ouvriers et paysans - dans le Royaume-Uni victorien[réf.  nécessaire].

Les ouvriers d'Europe occidentale souffrent aussi de dures conditions d'existence : presque aucune protection sociale contre la maladie et la vieillesse jusqu'en 1880, répression des grèves et mécontentements, lois limitant la durée du travail rarement respectées (11 heures selon la loi de 1848 en France) [réf.  nécessaire], règlement intérieur excessif. Les ouvriers sont aussi les premiers à souffrir en période de crise. 1873-1896 correspond à la phase B du Cycle Kondratieff avec la "grande dépression"[réf.  nécessaire]. C'est par conséquent une période toujours plus dure pour les classes laborieuses européennes. L'ouvrier est aussi traité comme un paria : jusqu'à 1890, l'ensemble des ouvriers français doivent posséder un livret ouvrier qu'ils soumettent au contrôle des autorités lors de leurs déplacements.

En 1892, Henri Schneider, patron du Creusot en 1892, déclare (d'après Jules Huret, Enquête sur la question sociale en Europe, 1897)  :

"c'est comme la règlementation du travail des femmes, des enfants, on met des entraves inutiles, trop étroites, nuisibles en particulier aux intéressés qu'on veut défendre"
"pour moi la vérité, c'est qu'un ouvrier bien portant peut tout à fait faire ses dix heures par jour et qu'on doit le laisser libre de travailler davantage si ça lui fait plaisir" !

L'entassement dans des quartiers à forte densité, l'alcoolisme, la violence, la dislocation des familles, le travail des enfants, une certaine résignation et l'opposition aux classes dominantes et peuvent expliquer l'esprit des ouvriers européens d'alors[réf.  nécessaire].

Evolution des politiques gouvernementales européennes

Même si le XIXe siècle semble marqué par le sceau de la misère et du labeur, les historiens notent aussi l'évolution des pouvoirs occidentaux. Devenus plus démocratiques et plus soucieux du respect de la population que ne l'étaient leurs prédecesseurs monarchiques, ils commencent à faire écho aux revendications des ouvriers.

En France, en 1868, Napoléon III s'était efforcé de développer crèches, orphelinats, caisses d'assurance. En 1864, le droit de grève est accordé en France, en 1874, l'inspection du travail est créée et en 1884 la loi Waldeck-Rousseau règle la question de la liberté syndicale.

En Allemagne, Bismarck crée des caisses de secours (1875) et d'assurance-maladie (1883).

Au Royaume-Uni, le droit de grève est accordé depuis 1824 et avec le ministère Disræli (1874-1880) les ouvriers bénéficient d'avantages importants : droit de grève total, patron et ouvrier égaux devant la loi, limitation du temps de travail, etc.

Mais il ne faut pas voir dans ces progrès de la législation sociale, l'avénément de gouvernements réformateurs mais plutôt le début d'une prise en compte du problème ouvrier et les milieux ouvriers l'ont compris, conscients que ce nouveau contexte leur permettra de revendiquer davantage[réf.  nécessaire]. L'État débute en effet à donner un cadre légal à l'organisation économique libérale.

Il convient de remarquer que le Royaume-Uni présente un net décalage dans les différentes tendances mentionnées plus haut : sa Révolution Industrielle s'est faite dès la fin du XVIIIe siècle, son explosion démographique a plutôt eu lieu dans la première moitié du XIXe, la liberté syndicale date de 1824. Cependant, l'internationalisme qui caractérise le phénomène ouvrier des années 1980 amène le syndicalisme britannique à faire peau neuve aussi dans cette période et en quelque sorte ce dernier est en phase temporellement avec le reste de l'Europe Occidentale, ce qui ne l'empêche pas de se différencier d'autre part.

Courants idéologiques et évolution des mentalités

L'un des facteurs, peut-être le plus essentiel qui a déterminé le mouvement syndical qui s'est développé dans cette seconde moitié du XIXe siècle réside dans l'évolution des mentalités et en particulier dans la mise en place et la diffusion de courants de pensée qui valorisent le monde ouvrier tels le socialisme ou l'anarchisme mais également d'un ensemble de notions de contestation sociale.

De nombreuses démarches militantes voient le jour dès 1850. Depuis les œuvres de Zola - L'Assommoir en 1876 qui peint la misère ouvrière parisienne et Germinal en 1885 qui dénonce les conditions de vie affreuses des mineurs - jusqu'aux discours d'Hugo contre le travail des enfants en 1875 en passant par la sympathie plus ou moins affirmée de l'opinion pour la cause ouvrière, des voix s'élèvent qui montrent bien la prise de conscience générale de la question ouvrière. Mais ce qui a forgé le plus la détermination syndicale naissante, ce sont les courants de pensées politiques nés de l'opposition entre les masses laborieuses et les milieux capitalistiques : socialisme, marxisme, anarchisme. Il serait trop ambitieux de vouloir développer ici toute l'histoire et les thèses de ces mouvances mais il convient cependant d'en rappeler brièvement quelques éléments déterminants qui pourront nous aider à comprendre plus tard le syndicalisme en lui-même.

Dès la première moitié du XIXe siècle, des groupes socialistes s'élèvent contre l'injustice de la société capitalistique et l'absurdité des crises économiques qu'on pourrait éviter. Ils proposent une organisation de la société plus juste et plus rationnelle à leurs yeux. Karl Marx (1818-1883) et Friedrich Engels (1820-1895) donnent un nouvel élan à la critique socialiste. Pour Karl Marx, l'ensemble des sociétés étant dominées par la "lutte des classes", le dispositif capitalistique doit déboucher inéluctablement sur la révolution qui donnera le pouvoir au prolétariat. Pour hâter la victoire, les travailleurs doivent selon lui se grouper en parti de classe, tous pays confondus. La nouvelle société qui en résultera sera basée sur le communisme où les classes n'existeront plus et aucune catégorie ne sera exploitée puisque les bénéfices du travail profiteront à tous. Telle est la vision globale du marxisme qui se présente comme la prise de conscience théorique par excellence des tâches historiques qui incombent au prolétariat.

Le socialisme trouvera à s'exprimer dans de nombreux pays par l'intermédiaire des relais que sont les partis nationaux comme le Parti Ouvrier Français fondé en 1879, le parti ouvrier social-démocrate allemand créé en 1869 ou la Société Fabienne, organisation particulièrement britannique qui prônera un socialisme modéré non marxiste à partir de 1884. Mais dans la totalité, les partis socialistes resteront particulièrement influencés par le marxisme après 1880.

L'anarchisme de son côté s'est essentiellement développé après 1850 en Russie, en France, en Italie et en Espagne. Son rôle a été prépondérant dans les milieux intellectuels et syndicalistes. Tirant principalement ses idées de Proudhon, Bakounine et Kropotkine, l'anarchisme refuse le capitalisme mais également la dictature du prolétariat. C'est un rejet global de tout ce qui limite la liberté de l'individu. Son parfait, et c'est ce en quoi il rejoint certaines conceptions syndicalistes, réside dans une société constituée d'une fédération de petits groupes autonomes, solidaires au sein desquels les richesses sont réparties suivant les besoins de chacun. C'est en quelque sorte le pendant du mouvement coopératif et mutualiste qui marqua les syndicalismes à leurs débuts.

Tous ces courants de pensée se confrontèrent au sein des Internationales dont il convient ici de parler. La première Internationale (Association internationale des travailleurs) fut fondée à Londres en 1864 à l'initiative des travailleurs français et britanniques et de Karl Marx. Son lien avec le syndicalisme européen et le mouvement ouvrier dans son ensemble fut immense mais également ambigu car c'est une organisation déchirée qui meurt en 1876, divisée entre Marx, Proudhon et Bakounine. La seconde Internationale, fondée à Paris en 1889 par un congrès composé de représentants socialistes de 23 pays compta sur la lutte des classes pour établir la dictature du prolétariat et collectiviser les moyens de production et d'échanges. L'influence de ces Internationales fut énorme : elles formaient le cœur même de la réflexion et de l'action ouvrière et cimentaient les destins de la totalité de la classe laborieuse européenne, consciente désormais de son unité et de l'œuvre à accomplir. Tous ces courants de pensée donnèrent enfin à la classe ouvrière une base théorique et un parfait militant, facteur qui contribua largement à l'essor du syndicalisme européen dans les années 1880.

L'action ouvrière et syndicale

Toutes ces circonstances mais aussi l'évolution du contexte légal permettent au syndicalisme, dans cette deuxième moitié du XIXe siècle, de se développer et de devenir une force dont il faut désormais tenir compte. Ainsi, tandis que le Royaume-Uni compte 500 000 syndiqués en 75, ils sont au nombre de 1, 6 million en 92; 350 000 en 90 en Allemagne; la France voit de son côté le nombre de syndicats passer de 500 en 81 à 2.300 en 95. Sans pour tout autant parler d'explosion, il s'agit bien là d'un essor sans précédent. Les années 1880 marque une sorte de naissance. Mais au-delà de l'ampleur numérique du phénomène syndical européen, notre continent connaît dans cette période un essor frappant de l'action ouvrière qui se diversifie, s'organise et s'accroît.

Entraide et promotion

Sous un premier aspect, le syndicalisme se présente comme une communauté créée par les ouvriers le plus fréquemment dans les villes, pour répondre surtout à des besoins psycho-sociologiques de solidarité (atmosphère fraternelle, entraide, etc. ) rendus d'autant plus fort que l'anonymat des villes et des usines est plus vivement ressenti (paysans déracinés, immigrants, etc. ). On retrouve ici l'aspect communautaire (Gemeinschaft en allemand) que soulignait Tönnies à la fin du siècle dernier. Les syndicats fournissent à leurs adhérents logement, secours mutuels. Ils sont un moyen de promotion collective de la classe ouvrière et informent les militants sur les lois, les conditions de travail, les moyens de lutte ouvrière.

Les congrès ouvriers organisés par les syndicats se multiplient en Europe occidentale et peuvent rassembler plusieurs dizaines de milliers de personnes. Par exemple en France : en 1881, à Paris, Clément, Rouzade, Guesde, Chabert tiennent un meeting sur le thème : "de l'action économique et politique du prolétariat"[réf.  nécessaire]. En 1883, à La Ferté-sous-Jouarre, c'est Chabert qui s'explique sur "la grève, son but, ses conséquences"[réf.  nécessaire]. Ces congrès et meetings prennent aussi une dimension internationale et les congrès syndicaux internationaux comme celui de Londres en 1888 permettent une promotion supra-nationale de la classe ouvrière et la diffusion des doctrines et propositions. La presse syndicale et socialiste diffuse toutes ces informations et assure la propagande. On voit aussi dans ces années s'ouvrir des "universités ouvrières " (alphabétisation, cours de formation ou de perfectionnement).

Les syndicats se dotent aussi d'une dimension mutualiste. En Allemagne, dans les années 1870, les Hirsch Duncker créent des caisses de maladie et d'invalidité et on voit même l'apparition d'une union générale d'assistance des ouvriers allemands[réf.  nécessaire]. En France, le mutualisme marque largement le premier Congrès National Ouvrier à Paris en 1876[réf.  nécessaire]. Cette caractéristique "communautaire" est légèrement moins vrai au Royaume-Uni où les syndicats se définissent plutôt comme des "associations permanentes de salariés qui se proposent de définir ou de perfectionner leur contrat de travail"[réf.  nécessaire].

Moyens d'action contre le patronat

Très vite, les syndicats, au-delà de l'aspect communautaire hérité des anciennes fédérations de métiers deviennent des lieux de revendications et des catalyseurs de l'action ouvrière. L'Europe de l'Ouest dans ces années-là est le théâtre du mouvement ouvrier particulièrement militant. Conscients de leur importance, les syndicats s'engagent dans l'action contre le patronat. Négociations dures, boycottage se heurtent cependant particulièrement vite à de nombreux obstacles sauf peut-être au Royaume-Uni où le dialogue semble énormément plus aisé surtout grâce au caractère peu idéologique de son syndicalisme et par conséquent à sa souplesse politique.

Rapidement, la grève et les autres manifestations deviennent des vecteurs d'expression courants de la classe ouvrière. Certes, la grève existait jusque là mais jamais elle n'a pris une telle ampleur.

Ainsi, le Royaume-Uni connaît en 1889 et 1890 plus de mille grèves annuelles dont surtout celle des 40.000 dockers de Londres en 1889 qui paralysa la capitale et frappa sévèrement l'opinion européenne[réf.  nécessaire].

La France de son côté, qui dans la décennie 1870 n'avait connu que 841 grèves, en affronte dans les années 1880 plus de 1800[réf.  nécessaire]. Ces grèves sont aussi plus longues et plus massives : 14 jours de durée et 400 à 500 grévistes en moyenne dans la décennie 80 contre 9 jours et 200 grévistes dans la décennie précédente[réf.  nécessaire]. Ce sont des grèves comme celles des mines d'Anzin en 1884 qui regroupent 40.000 grévistes pendant 46 jours ou celle des mines de Decazeville en 1886 où le sous directeur est tué[1]. Probablement faut-il y voir la conséquence d'une meilleure organisation[réf.  nécessaire]. À partir de 1880, plus de 50 % des grèves sont organisées[réf.  nécessaire], c'est-à-dire non spontanées, et les syndicats y jouent un rôle grandissant. En France, par exemple, à partir de 1887, les syndicats se manifestent dans 30 à 40 % des conflits contre 10 à 15 % entre 1871 et 1877, [réf.  nécessaire] et lorsque bien même ils ne les organisent pas, ils en sont fréquemment à l'origine[réf.  nécessaire].

L'Allemagne connaît elle aussi des grèves comme celle des mineurs en 1889 qui provoqua l'intervention de l'empereur Guillaume II et s'acheva sur un compromis[réf.  nécessaire], et , même si les années 1990 accordent plus de place à la négociation directe ainsi qu'aux conventions collectives, les grèves demeurent de plus en plus nombreuses : 73 en 1892, 204 en 95 et 852 en 1900[réf.  nécessaire].

Le principe de la grève générale est adopté par nombre de syndicats durant la décennie 1880 en Europe Occidentale sous l'impulsion des congrès internationaux ouvriers[réf.  nécessaire] : des villes entières sont quelquefois immobilisées, des branches complètes de l'industrie, des régions. Les manifestations se multiplient aussi surtout celle du 1er mai décidée en 1889 par la IIe Internationale. Les revendications sont le plus souvent liées aux salaires, à la durée du travail, aux indemnités pour les victimes d'accidents du travail ou même au chômage. Mais la grève est aussi un instrument de conquête pour les mouvements marxiste ou anarchiste[réf.  nécessaire]. Le 1er mai 91, à Carmaux, un appel est lancé :

" (... ) debout Travailleurs ! à partir de ce moment ne comptons que sur nous-mêmes pour la conquête de nos revendications", [réf.  nécessaire]

le reste s'articulant autour de la thématique de l'exploitation par les classes bourgeoises. Le 1er mai 1890 est l'occasion pour les anarchistes de rappeler dans un tract que "de la Grève Générale sortira la Révolution qui ne laissera sur terre que des hommes égaux et libres". [réf.  nécessaire]

La réponse patronale et gouvernementale

Les ouvriers qui n'acceptent pas les conditions de travail s'organisent et s'opposent aux patrons. Leurs armes : la grève et la création de syndicats. Des personnes, fréquemment des bourgeois, proposent de transformer la société : ce sont les premiers «socialistes». D'importantes grèves ouvrières marquent le XIXe siècle. Les ouvriers disposent d'un moyen pour s'opposer aux exigences des patrons, sans attendre le vote de lois toujours longues à venir : ils arrêtent de travailler, ils font grève. Jusqu'en 1864, la grève est interdite : non seulement les grévistes perdent leur salaire, mais en plus, ils risquent d'être arrêtés, jugés et emprisonnés. En 1864, Napoléon III accorde le droit de grève. La première grande grève du XIXe siècle, est celle des canuts, à Lyon, en novembre 1831. Les canuts sont des ouvriers qui travaillent la soie à domicile, pour des patrons, les soyeux. La grève éclate pour une question de salaire horaire. Les patrons ayant tiré sur la foule et fait huit morts, les grévistes s'arment à leur tour; ils occupent la ville. L'armée vient à bout de leur insurrection. L'histoire sociale du XIXe siècle est marquée par des grèves, dont certaines particulièrement importantes : celle des mineurs d'Anzin en 1884, des verriers de Carmaux en 1895, des ouvriers de la chaussure de Fougères en 1907.

Si les syndicats ont été reconnus dans les trois pays étudiés par l'État, ce dernier n'est pas devenu pour tout autant favorables aux syndicats. Patrons et gouvernements craignent à court terme des conséquences économiques : destruction de l'outil de production, arrêts de travail, baisse de cadence, immobilisation d'industrie entière... - on se rappellera à cet effet le blocus de Londres par les dockers en 1889 - et en particulier à long terme, et surtout en France, la progression du marxisme.

Les patrons mettent fréquemment à l'index les ouvriers syndiqués : "dans l'arrondissement de Valenciennes, des métallurgistes fermèrent leurs ateliers pendant plusieurs jours, puis les rouvrirent en disant aux ouvriers qu'on les recevrait s'ils remettaient leurs livrets de syndiqués. Un industriel ayant ainsi recueilli ces livrets les fit brûler en un tas dans la cour de l'usine. "

Ainsi lors des grèves, le patronat fait-il fréquemment appel à des non-grévistes venus fréquemment d'autre ville mais il peut aussi intimider les grévistes de manière plus ou moins brutale. A titre d'exemple, en France, en mai 1881, la direction de l'usine Hotchkiss de Saint-Denis, après avoir tenté de briser le mouvement en employant un personnel extérieur, placarde sur l'ensemble des murs de l'établissement l'avis suivant :

"Messieurs les ouvriers sont informés que ceux d'entre eux qui ne seraient pas disposés à reprendre leur travail le lundi 28 courant seront reconnus comme ne faisant plus partie de l'Etablissement. " [réf.  nécessaire]

De même, un ouvrier du Creusot interviewé en 1892, ajoutera en parlant des grèves : "Dans le temps, il y a eu des réunions socialistes ici. L'ensemble des ouvriers qui y sont allés ont été balayés. Tous ! Pas ensemble, mais un par un, pour une raison ou pour une autre. Désormais, on se méfie". [réf.  nécessaire]

Car s'il existe désormais un cadre légal au syndicalisme, le licenciement demeure toujours libres. Le mouvement ouvrier souffrent des mêmes intimidations au Royaume-Uni et en Allemagne (de 1878 à 1881, de très nombreux syndicats seront dissouts). Mais ce sont en particulier les interventions armées qui montrent bien jusqu'à quel point l'opposition peut se manifester. Les descriptions de Zola dans Germinal sont assez explicites quant à la violence des interventions qui ponctuent régulièrement les agitations sociales. Lors des grèves de Decazeville, le ministre de la Guerre de l'époque, le général Boulanger, accroît sa popularité en refusant de faire intervenir la troupe. Et les syndicats français n'oublieront pas les 9 morts du 1er mai 1891 à Fourmies (Nord).

Les différentes voies du syndicalisme européen

Avant en premier lieuer plus exactement chacun des trois pays les plus industrialisés, Allemagne, Royaume-Uni et France, il est intéressant de dresser un tableau des différentes voies du syndicalisme et en particulier d'en mettre en relief les facteurs déterminants, ou la typologie.

Typologie syndicale

Les mots même utilisés pour désigner les organisations insistent sur tel ou tel aspect de la réalité syndicale :

Derrière ces appellations foisonnent une grande variété de courants politiques : révolutionnaire, réformiste, socialiste, fabien, communautaire, sociétaire. trois principales lignes de partage peuvent être distinguées

L'aspect communautaire se distingue de l'aspect sociétaire qui décrit des syndicats constitués en vue de fins précises telles que le perfectionnement des conditions contractuelles de l'emploi. On passe ainsi du registre des sentiments à celui des intérêts. La forme de syndicalisme dans laquelle l'aspect sociétaire prédomine est celui qui recrute essentiellement parmi les ouvriers d'origine urbaine qui, contrairement aux prolétaires "déracinés", n'ont pas à rétablir de lien affectif[réf.  nécessaire].

Mais l'ensemble des syndicalismes sont dans la totalité marqués par une évolution au cours de leur histoire.

Ce schéma assez sommaire peut être complété par une seconde approche axée sur les obstacles à la croissance du syndicalisme.

Concernant la distinction qui tient au rapport du syndicat avec le politique, trois modèles politico-syndicaux se dessinent alors.

Deux grands groupes peuvent être dégagés de cette typologie :

Trois syndicalismes d'Europe occidentale

L'originalité britannique : trade-unions et travaillisme

C'est au Royaume-Uni que la révolution industrielle est la plus précoce dans la mesure où elle débute aux alentours de 1760 (lorsque le pays était la Grande-Bretagne). Il ne faut par conséquent pas s'étonner d'y trouver bien avant 1880 un embryon de syndicalisme. Dès le début du XIXe siècle, apparurent des unions de métiers quasi-secrètes imprégnées de radicalisme politique et quelquefois même d'une pensée presque socialiste. Malgré une opposition gouvernementale assez brutale, les ouvriers obtiennent en 1824 grâce surtout à l'action des radicaux de grandes avancées sociales : légalisation des trade-unions, droit de grève, etc. Jusqu'à 1850, le syndicalisme se développe avec ses hauts et ses bas mais restera toujours marqué par la pensée socialiste modérée de Robert Owen. 1834 est sans doute l'apogée de ce syndicalisme particulièrement corporatiste avec la fondation de la "Grande Union nationale" consolidée des métiers qui compta peu après 500.000 membres et dont l'ambition consiste à remplacer le capitalisme par un dispositif coopératif sous contrôle ouvrier. Néanmoins, cette époque reste plutôt celle du Chartisme et de son action politique pour le suffrage universel avec les masses ouvrières... mais sans les syndicats. On voit bien combien la totalité du peuple britannique est attaché à la démocratie et au progrès social par le politique. Des années 1850 jusqu'à 1880, le trade-unionisme devient davantage sociétaire et l'accélération de l'économie le transforme en syndicalisme d'industrie et non plus simplement de métier. 1868 sera la création du trade unions congress qui verra ses effectifs atteindre le million en 1874. Fort d'une représentativité accrue, le syndicalisme britannique entend alors pousser plus loin l'avantage que lui donnent tout à la fois le nombre de ses adhérents et sa combativité dans les entreprises. C'est davantage un combat par la politique qu'il compte mener et la modernité de la démocratie britannique et la réforme électorale de 1867 y contribuèrent largement. Dès 1868, les syndicats apportent leur soutien aux condidats libéraux et particulièrement vite les syndicalistes eux-mêmes gagnent les milieux politiques : deux députés syndicalistes siègent en 1874 et 11 en 1885.

La décennie 1880 correspond à la fois à une véritable explosion syndicale stimulée par la reprise économique et par le charisme de certains jeunes dirigeants et par une extension toujours plus marquée du milieu ouvrier vers la politique[réf.  nécessaire]. Cette extension prend sa source dans le socialisme non marxiste prôné par la Société Fabienne qui a fait le choix d'un socialisme gradualiste et d'une méthode temporisatrice, mais cette extension correspond aussi au désir d'aller au-delà de ce courant jugé trop intellectuel. 1893 verra la fondation du parti travailliste indépendant présidé par James Keir Hardie qui s'oriente d'emblée vers l'action parlementaire. L'aboutissement en sera la création en 1900 du futur Labour Party qui symbolise la spécificité du Royaume-Uni en matière de lutte ouvrière.

Comme l'a bien souligné Tawney, le socialisme britannique reste totalement indissociable de l'histoire syndicale, et au contraire de ce qui se passa sur le continent le Labour Party est pour une bonne part l'œuvre des syndicats eux-mêmes qui actuellement lui donnent les moyens de vivre. La voie britannique du socialisme se distingue de celles du Continent par son réformisme décidé fait d'empirisme et d'un certain scepticisme à l'égard des idéologies qui ont constitué des obstacles durables à l'implantation du marxisme en terres britanniques[réf.  nécessaire]. S'il fallait résumer, c'est par conséquent un syndicalisme réformiste qui s'est développé au Royaume-Uni, cherchant davantage à lutter par la négociation et les manifestations - la souplesse politique du XIXe siècle y compta énormément - principalement pour les salaires ou les conditions de travail et non pour changer la société. Ce syndicalisme dans la décennie 1880 est marqué par un renouveau avec une conquête politique importante et une "décorporatisation" affirmée.

Le syndicalisme réformiste allemand

Jusqu'aux années 1880, le syndicalisme allemand reste plutôt à l'état embryonnaire. Il est vrai que le contexte global ne s'y prêta guère surtout à cause d'une industrialisation plus tardive qu'en Grande-Bretagne et en France et de l'opposition assez violente des classes dirigeantes[réf.  nécessaire]. Cependant, des tendances se dessinent qui influeront ultérieurement sur les orientations du syndicalisme allemand.

Les années 1860 correspondent à l'obtention du droit de grève et de syndicalisation. Des unions se créent autour de trois grands courants de pensée que sont les Lassaliens qui fondent la Ligue des Syndicats Allemands en 1868, les libéraux qui prônent plutôt un syndicalisme "à la britannique" et les marxistes. Pourtant, il n'y eut guère d'essor du syndicalisme et ce, à cause des nombreuses difficultés de tous ordres auxquelles il fallut faire face : l'opposition aux grèves, la guerre Franco-Allemande de 1870-71, la crise économique en 1873-74 et en particulier la politique de répression décidée par Bismarck et ses nombreuses lois d'exception contre le socialisme de 1878 à 1881. Des syndicats furent dissous ou moururent d'eux-mêmes, ceux qui restaient n'étant plus que des organisations tournées vers les œuvres d'assistance. Ce n'est vraiment que dans les années 1880 et en particulier 1890 que l'Allemagne assiste à une montée en puissance des syndicats. Bismarck se lance dès 1881 dans une politique de séduction, avec de nombreuses lois sociales, la croissance économique est fulgurante et la croissance démographique tout aussi impressionnante avec une urbanisation galopante[réf.  nécessaire]. Cependant, pour ce faire, le syndicalisme naissant aura en premier lieu à faire sa place aux côtés d'une social-démocratie toujours particulièrement forte qui forma longtemps une solution de rechange et considéra fréquemment les organisations ouvrières avec commisération. Ce n'est que vers la fin du siècle ainsi qu'suite à une augmentation impressionnate de ses adhérents, que la Commission générale des syndicats, d'esprit de plus en plus sociétaire, a été en mesure de prendre ses distances vis-à-vis du parti. Ainsi, aux élections de 1893, la social-démocratie obtient huit fois plus de voix que la Commission générale des syndicats n'avait de membres; en 1903, le rapport n'était plus que de 3 à 1; enfin, en 1907, le parti totalisa 4 250 000 électeurs et la Commission générale compta 2 530 000 adhérents[réf.  nécessaire]. Au début de ce siècle, le syndicalisme allemand devient une force de négociation et un partenaire politique de premier plan.

L'Allemagne connaît dans la totalité un syndicalisme massif - 2, 5 million d'adhérents à la Commission générale en 1907 !{| |- | | |} - caractérisé par un lien étroit à la politique par l'intermédiaire de la social-démocratie sans s'y subordonner pour tout autant, privilégiant dialogue et consensus, démarche qu'on retrouve toujours beaucoup actuellement et qu'adoptera le syndicalisme chrétien apparu en terres germaniques dès 1899. Typologiquement parlant, ce syndicalisme s'apparente par conséquent davantage à celui du Royaume-Uni tout en se différenciant nettement sur certains aspects, surtout le rapport au socialisme ainsi qu'à la politique.

L'exemple français : un syndicalisme imprégné de politique

Le syndicalisme français se distingue des cas allemand et britannique. Il est en effet énormément plus marqué par les idéologies et sa philosophie révolutionnaire le rapproche des cas espagnol et italien. Il faut y voir principalement l'empreinte d'une naissance particulièrement mouvementée au gré de la vie politique française agitée ou alors violente du XIXe siècle.

Jusqu'aux années 1880, le mouvement ouvrier français se met en place particulièrement lentement, car les difficultés sont particulièrement nombreuses. La loi Le Chapelier de 1791 condamne toujours toute association de maîtres ou d'ouvriers. La surveillance est particulièrement sévère et on assiste à de véritables carnages[réf.  nécessaire] lors de grèves et manifestations fréquemment mal organisées. La révolte des Canuts de Lyon se solde en 1831 par 600 morts, 200 ouvriers sont tués à Lyon et la rue Transnonain est le théâtre d'un massacre suite à l'annonce d'un projet de loi interdisant toute association, les grèves de la Ricamarie en juin 1869 s'achèvent elles aussi de manière sanglante.

Mais ce sont en particulier les répressions politiques qui frappent le plus les milieux ouvriers, principaux artisans des révolutions du XIXe siècle. La Révolution de 1830 est en grande partie un révolution ouvrière, mais plus toujours celle de février 1848[réf.  nécessaire]. L'insurrection qui suivra en juin 1848 anéantit finalement les espérances. Deux tiers des émeutiers arrêtés sont des ouvriers[réf.  nécessaire]. Et durant tout le Second Empire, malgré les avancées de Napoléon III dans les années 1860 qui relèvent davantage de la stratégie de séduction[réf.  nécessaire], l'ouvrier "organisé" reste toujours suspect aux yeux de l'État et des patrons. Les grèves se multiplient néanmoins, mais les oppositions restent dures. Ce furent la Révolution de 1870 et la Commune de 1871 qui voient les ouvriers imprimer profondement leur marque : dans le conseil de la Commune, on compte 33 ouvriers pour 80 membres[réf.  nécessaire]. La répression versaillaise n'aura pas uniquement décapité l'organisation ouvrière naissante, mais elle aura joué aussi, tout comme juin 1848, un rôle énorme dans la formation de sa psychologie car elle s'est produite à un moment décisif de cette naissance. Selon Jacques Rougerie, "le Communard appartient à la préhistoire du mouvement ouvrier". La décennie qui suivit l'échec de la Commune de Paris fut incontestablement complexe pour le mouvement syndical français. Les conditions politiques avec la domination des monarchistes ne sont guère favorables. Les chambres syndicales sont sous la menace permanente d'interdiction. Sont alors dissous, en 1872, le Cercle de l'union syndicale de Paris et en 1877 les chambres syndicales lyonnaises. La crise économique de 1873 forme évidemment un autre handicap. Les choses changent à partir de 1877-78 avec l'arrivée des républicains. Le retour des Communards amnistiés en 1880 conforte au sein des sociétés ouvrières les tendances révolutionnaires et combatives. Puis particulièrement vite tout s'accélère, surtout avec les réformes du gouvernement. La loi du 21 mars 1884 accorde enfin aux syndicats un statut légal reconnu : le nombre de syndicats est ainsi multiplié par trois en une décennie. Mais les oppositions apparaissent au grand jour.

Par l'environnement même (politique, social, économique) l'aspect idéologique tient une place principale dans le syndicalisme français, caractérisé en outre par une frontière extrêmement floue avec les partis politiques créés par les politico-syndicalistes (Jules Guesde crée le Parti ouvrier français, les blanquistes fondent en 1881 le Comité révolutionnaire central, etc. ). Les années 1870 et 80 sont fortement marquées par des oppositions de courants : collectivistes, mutuellistes, anarchistes, blanquistes, guesdistes, possibilistes, etc. L'essor du syndicalisme dans l'avant-dernière décennie du siècle se fait dans la division, principalement entre la Fédération des Chambres Syndicales créée en 1886 par des militants guesdistes et qui reste particulièrement subordonnée au Parti ouvrier français et la Fédération des Bourses du travail fondée en 1887, animée par un militant venu de l'anarchisme et qui s'affirme "fédéraliste" au sens de Proudhon, autonome à l'égard des partis politiques. L'opposition ddure jusqu'à l'apparition de la Confédération générale du travail en 1895 qui reste toujours empreinte d'un esprit révolutionnaire dont l'ambition demeure de façonner la société future et dans lequel on peut discerner sinon une influence directe du moins "une correspondance" assez sensible sur certains points avec les idées de Proudhon[réf.  nécessaire].

Le syndicalisme français est complexe et moins "monolithique" que ses voisins allemands et britanniques. Traversé en permanence par des courants idéologiques multiples et contradictoires, il s'affiche ouvertement révolutionnaire même si, à la marge, certains seraient tentés par plus de modération et de réformisme. La prégnance de la pensée marxiste et anarchiste est liée étroitement aux révolutions et répressions dont les milieux ouvriers furent à la fois les acteurs et les victimes, ce qui forme un particularisme historique déterminant comparé au Royaume-Uni ainsi qu'à l'Allemagne[réf.  nécessaire].

Sources

Notes et références

  1. Le 26 janvier 1886, lors d'une grève de la Société nouvelle des houillères et fonderies de l'Aveyron, , le sous-directeur Watrin est défenestré et meurt roué de coups cf Les Anarchistes eb France 1880-1910 de André Nataf, Hachette, 1986, p 93-94

Histoire du syndicalisme

Sources générales

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